So YOU think you can DANCE ?

Il y a la télé réalité qui starifie des anonymes et offre leur indigence en pâture aux téléspectateurs (les anges, secret story…)

Il y a les jeux télévisés où la star est le concept en lui-même et où la célébrité se fait et se défait aussitôt le gagnant élu du public (popstar, the voice…).

Et puis il y a « so you think you can dance », où la star n’est ni du côté des juges ni des candidats, la véritable star : c’est la danse !

Débutée en 2005 comme une simple émission d’entertainment, une variation dansée de sa grande sœur « american idol « , le producteur Nigel Lythgoe a vite compris, devant son succès considérable, qu’il pouvait faire bien plus que divertir le public, il pouvait l’éduquer : au vocabulaire de la danse, et à sa grande diversité. Comment ? En dépoussiérant le ballroom (danses dites « de salon » et latines) de son côté ringard. En transposant Broadway au petit écran. En faisant la part belle au contemporain. En modernisant le jazz et l’afro-jazz. En proposant, à une heure de grande écoute, des pas de deux classiques. En invitant les danses étrangères, de Bollywood au Tropak. Sans pour autant oublier les danses de la rue, où, dès qu’un nouveau style émerge (Krump, waacking, animation style…) il est aussitôt représenté aux auditions, et célébré lors des primes.

Un concept simple

Des auditions ont lieu dans plusieurs villes américaines, aux termes desquelles 100 danseurs décrochent un billet d’avion pour Las Vegas, où, pendant une semaine, ils seront soumis à différentes épreuves éliminatoires (apprendre quatre chorégraphies : hip-hop, contemporain, ballroom et broadway, puis une danse de groupes chorégraphiée par eux-mêmes, et enfin présenter plusieurs solos). Au bout de cette semaine, les 20 finalistes sont choisis pour les primes et couplés par deux (une fille/un garçon) sans tenir compte de leur style de danse, ainsi un b-boy peut se retrouver en équipe avec une ballerine, ou un danseur de ballroom avec une danseuse de contemporain. Chaque semaine, aux votes des téléspectateurs et à la décision du jury, un garçon et une fille (pas forcément du même couple) quittent la compétition jusqu’à la grande finale entre les quatre danseurs restants. Le vainqueur remporte la somme de 250 000 dollars et est intronisé « danseur favori de l’Amérique ».

Pourquoi est-ce un concept qui marche ?

Parce qu’il donne aux téléspectateurs l’occasion unique d’assister aux auditions et différentes étapes d’élimination, et d’observer de jeunes artistes à la fois passionnés, talentueux et humbles, se révéler au public et à eux-mêmes, de les voir s’épanouir au fur et à mesure d’une saison, et quitter le show, nourris des critiques des juges et de l’amour du public, en meilleurs danseurs et en meilleurs interprètes. Parce que cette émission est non seulement un formidable tremplin pour la carrière des candidats (et des jeunes chorégraphes choisis par la production) mais aussi une occasion unique pour eux de s’essayer à tous les styles de danse et d’apprendre auprès de prestigieux chorégraphes tels que Mia Michaels, Desmond Richardson, Wade Robson, Tabitha et Napoléon D’umo, Garry Stewart, Christopher Scott, Jason Gilkison, Tony Meredith, Nakul Dev Mahajan… Parfois même d’anciens candidats sont sacrés chorégraphes voire juges, comme Travis Wall, demi-finaliste de la saison 2, ou Dmitry Chaplin, Benji Schwimmer. Et enfin parce que ce sont quelques grammes hebdomadaires de finesse dans un paysage audiovisuel de brutes.
Son succès fut tel que l’émission donnera naissance à pas moins de 23 adaptations dans le monde (dont la dernière en date cette année en Chine). Si certaines versions étaient franchement ratées (en Angleterre, ou en France) les éditions canadiennes et australiennes connurent, respectivement, 4 et 3 saisons très enthousiasmantes avant d’être annulées.

Randi Evans, So you think you can dance

Si l’on peut reprocher au juge et producteur Nigel Lythgoe, un petit manque d’impartialité face à certains candidats, ou un certain sectarisme lorsqu’il ne « comprend » pas une chorégraphie, on ne peut que rendre hommage à une émission qui a tant fait pour la danse aux Etats-Unis – où il n’est plus honteux pour un garçon de pratiquer cet art plutôt qu’un autre sport – qu’ils ont désormais un National Dance Day officiel chaque dernier samedi de juillet. Dans un effort qui rejoint celui de Michelle Obama de « get the nation, young and old to move », les chorégraphes stars du show proposent trois formats (de trois niveaux différents) d’une même chorégraphie qui sera ensuite exécutée en flashmobs géants partout sur le territoire américain, voire au-delà. Sans oublier la  » Dizzyfeet Foundation « , créée pour déverser des bourses d’études et favoriser la carrière de jeunes danseurs sans moyens.
En bref, « So you think you can dance » , qui entame crânement sa dixième saison le 14 mai, est une émission conçue par des amoureux de la danse pour les amoureux de la danse, qu’ils soient amateurs ou confirmés.

 

L’émission est diffusée aux Etats-Unis sur la chaîne Fox .

 

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